La VIE AQUATIQUE à Port Grimaud :Natacha LAMY, docteure en biologie marine et résidente de la cité lacustre depuis 2023, se passionne pour ce qui se passe sous l'eau, une vie aquatique existant sans que l'on s'en rende compte, une vie née grâce à la création des jetées, à l’entrée de la cité. Une vie qui s'est implantée sur l’enrochement et grâce à l’enrochement pour s’offrir un cadre de vie et une existence paisible à l’abris du regard et dans l'ignorance des humains. Une vie qui fait maintenant partie de la longue histoire de la cité lacustre. Cette page lui est consacrée afin de découvrir le fruitsde ses recherches, qui méritent d'être et doivent être connus des résidents : Natacha présente ainsi son activité sous l'eau, à observer, découvrir, photographier, cette vie sous marine qui a investi les rochers de la grande jetée, à l'entrée de la cité : Présentation :"Pour commencer, je me présente… Je nage avec un masque et des palmes depuis mon enfance. J’ai acheté un petit appareil photo sous-marin, voilà quelques années et une bouée rouge que je traîne derrière, pour me signaler. J’aime aller le long des côtes. J’ai soutenu une thèse sur l’organisation des peuplements macrobenthiques au niveau d’une table à huîtres de l’étang de Thau (Hérault). Le macrobenthos, c’est tout ce qui vit sur les fonds et est visible à l’œil nu. Je suis donc benthologue.
Après l’Hérault, j’ai vécu avec ma petite famille en Guadeloupe. Là-bas, je me suis éclatée sur les récifs coralliens et… avec les tortues marines, qui n’appartiennent pas au Benthos, bien sûr… Depuis, je garde un œil sur le sable de Port Grimaud, espérant revoir un jour leurs traces si caractéristiques… On ne sait jamais… Comme je m’ennuie devant la plage, j’ai eu l’idée d’explorer régulièrement la jetée. Somme toute, c’est logique pour moi, car ce sont des substrats durs dressés et du sable au pied… La jetée est donc constituée par des blocs de béton coulé et de granit. Ces substrats durs offrent une surface importante pour les colonisations (feutrage algal et coralligènes encroûtants). Il y a une thèse très importante qui m’a permis de confirmer ce que je voyais : celle de Sandrine Ruitton, Professeure à l’Université de la Méditerranée : « Les communautés benthiques et nectobenthiques associés aux aménagements littoraux en Méditerranée nord-occidentale. Structure et fonctionnement », 1999. Les empilements de blocs engendrent donc ici une variété de profondeurs, d’habitats et d’abris ou refuges (dans les interstices) pour les invertébrés benthiques et les poissons. Les peuplements de ces blocs sont dominés par des brouteurs ou racleurs, tels les oursins, les patelles, les pourpres, les juvéniles de saupes et autres poissons benthophages (sars...). Aux abords de cette jetée, on observe aussi des poissons de pleine eau, planctonophages (joels, oblades…), toujours attirés par une richesse en particules et matières organiques dans la colonne d’eau. Et également des prédateurs, comme les loups. Au pied de la jetée, sables et mattes accueillent des rougets barbets de roche. Chez plusieurs espèces de poissons, juvéniles et adultes cohabitent. Ils sont alors considérés en phase de recrutement. Rien qu’en observant le Golfe de Saint Tropez, les pressions anthropiques (humaines) sur l’ensemble des eaux marines du Golfe sont nombreuses. Elles s’exercent sur les peuplements benthiques, ceux des fonds rocheux et meubles, qui en sont altérés. Et aussi sur les Posidonies au large. la bio colonisation actuelle qu'on voit sur les blocs a l'âge de la jetée. Il y a un merveilleux équilibre qui s'est fait en 50 ans... La jetée et les canaux sont une grande nurserie. Il n'y aura rien à manger pendant très longtemps si on détruit cette jetée... La jetée est vivante, une oasis...
Il y a beaucoup de juvéniles, en compagnie des adultes... Cela veut dire que le recrutement est un fait et c'est important, L’équilibre observée à ce jour au niveau de la jetée reste fragile, à la merci d’une perturbation lorsque les populations sources ne peuvent plus produire des larves. Par ailleurs, les espaces naturels sur toutes les côtes, sont fragmentés et des espèces qui ont une faible capacité de dispersion peuvent avoir des problèmes. Donc, cette digue située tout au fond du golfe est une chance pour les repeuplements car elle est propice aux recrutements. Découvrons ensemble ces petits animaux :
Les BLENNIES :Les poissons benthiques sont ceux qui vivent sur les fonds ou à leur voisinage (le benthos s’oppose au necton ou plancton, dans la colonne d'eau). Ce sont des petits poissons benthiques, avec une nageoire sur le dos. Ce sont des opportunistes parce qu'ils "ratissent" large, ou plutôt ils mangent ce qu'ils trouvent ! Un peu de tout... Algues, crustacés, mollusques, etc... 5 photos pour découvrir ces blennies : Blennie dalmate Dalmatian blennie dans son trou / in its hole Blennies diabolo Blennie de Caneva Blennie-sphinx Palelles, bardanes et blennies Les TRYPTERYGIONS :" On trouve deux espèces de Tryptérygion dans les rochers de la jetée: le Tryptérygion jaune (Tripterygion delaisi) et le Tryptérygion rouge (Tripterygion tripteronotum.) A la base de la queue des femelles "jaunes", il y a une barre noire, bien foncée, tandis que chez les femelles "rouges", la dernière barre est semblable aux autres. Les mâles reproducteurs sont différents des femelles : Le mâle" jaune" a la tête noire et le corps jaune. Le mâle "rouge" à la tête noire et le corps rouge. Pour différencier rapidement les Tryptérygions des Blennies dans l'eau, je les surnomme "Museaux pointus" ! Ces sédentaires ont trois nageoires. Ils se nourrissent de petits crustacés et de microorganismes planctoniques "... Un Tryptérygion "rouge" femelle Un Tryptérygionb "jaune" femelle autre Tryptérygion Autres espèces :"Je croise souvent ces trois espèces, de taille plus ou moins équivalente, au pied de la jetée, ou à son voisinage, et elles ont des stratégies alimentaires différentes" : - Le Crénilabre-paon avale des invertébrés avec une bouchée d'algues. - Le Barbarin (ou rouget barbet de roche) fouit dans le sable pour trouver des vers et des crustacés. - Le Serran écriture (reconnaissable à ses lignes dessinées sur la tête) chasse à l'affût pour attraper des petits poissons, des crustacés ou des mollusques. Le Crénilabre-paon et le Barbarin Le Serran écriture les rois du camouflage :Natacha LAMY ne plonge pas par tous les temps : "Il me faut du soleil et des eaux claires et calmes pour mes photos", précise t-elle ! Les rois du camouflage sont des poissons qu’elle a repérés dans l’eau de nos canaux, "Des poissons qui chassent à l'affût, qui se fondent avec l'environnement... Difficiles à débusquer" : Le Gobie moucheté (avec sa ligne en V sur le "museau") Le Gobie céphalote (avec sa grosse tête) La rascasse le rhombou de Méditerranée (Poisson plat) Le gobie moucheté Le gobie céphalote La rascasse brune Le rhombou de Méditerranée Ils se plaisent dans nos canaux :Certains poissons "se plaisent dans nos canaux " : - La Dorade royale "(reconnaissable à sa barre au niveau de l'opercule et à sa bande dorée sur le front) est un broyeur de coquilles et de carapaces", - Les Sars "qui ont des dents bien développées et une bouche légèrement protractile* pour la capture des proies", - Le loup de mer (bar commun)," très farouche, solitaire... C'est un bon indicateur de qualité des écosystèmes marins côtiers"... ( * Protractile ; Qualifie un organe qui s’allonge de lui-même.(Par extension) Bouche de certains poissons (les poissons de fonds principalement) qui peut s'allonger vers l'avant et se rétracter ensuite, permettant ainsi de fouiner dans le sable et les sédiments.) la Dorade Royale Le Sar Loup de Mer Prédateurs ou carnivores :les prédateurs en écologie sont ceux qui chassent, à l'affût ou non, et attrapent des proies animales plus petites qu'eux... " Parmi les prédateurs, ou carnivores, on cite la Daurade, le Loup de mer, les Sars (adultes), les mollusques tels le Pourpre bouche de sang et le Rocher fascié et, bien sûr, la seiche... Et l'étoile peigne " Le Pourpre bouche de sang La Seiche commune L'Etoile Peigne Les espaces interstitiels :" Avant de continuer sur d'autres espèces, sur les invertébrés, je vous propose ces photos des espaces interstitiels entre les blocs. Les surfaces ont été colonisées avec le temps, depuis la création de la jetée... Il y a celles qui sont directement exposées aux courants et aux vagues et enfin les interstices qui offrent un abri à la faune et aux algues... Toutes ces surfaces sont une source de nourriture en fonction du régime alimentaire des animaux " : La partie immergée de la jetée Autre vue... Autre vue... Autre vue... Beauté aquatique...
Les poissons grégaires :Les poissons grégaires sont des variétés qui vivent près de la jetée, se regroupant entre eux. Le Loup chasse en solitaire. Les Saupes se regroupent en bancs. " Les Mulets, que nous voyons dans les canaux, se nourrissent d’algues et de petits invertébrés... Les Mulets dorés apprécient les roches, les lagunes et les estuaires (mais pas les eaux douces). Les Mulets lippus sont les plus fréquents en mer. Leurs jeunes pénètrent dans les lagunes, les estuaires, parfois les eaux douces... Les Saupes broutent les algues. Du fond à la surface : Le marbré vit exclusivement sur le fond de sable et l'Oblade en pleine eau, mais près des fonds rocheux et des herbiers ". Les mulets dorés Les mulets lippus Les saupes Les saupes Les marbrés Loup de mer Les brouteurs :" Les brouteurs les plus abondants sont ici les oursins noirs, les patelles bleues et les gibbules toupies... Observez bien les photos... On remarque les traces violettes laissées derrière elles par les patelles, après broutage. Et la limite d'extension du feutrage algal devant les oursins et les patelles"... Oursin noir Patelles bleues Gibbule toupie Oursin et patelle Les Cnidaires... :" Parmi les Cnidaires, on note la présence de l'Aiptasie verte, de l'Hydraire des amarres et, amenée au gré des courants, l'adorée des plagistes, la Pelagia noctiluca (la méduse pélagique)..."... Aiptasie verte Hydraire des amarres la méduse pélagique Les filtreurs... :Les animaux filtreurs se nourrissent d'organismes de très petite taille. Ils sont parfois aussi appelés les suspensivores. Ils sont munis d'un système qui permet de filtrer l'eau pour ne capturer que les micro-organismes. Natacha nous présente les filtreurs qu'elle a repérés sur la grande jetée : " L'Huître plate, Ostrea edulis, dont "le statut est inquiétant, car elle joue un rôle écologique majeur là où elle s'implante : qualifiée d'espèce « ingénieure » en raison de sa capacité à coloniser les fonds et ainsi créer un milieu favorable au développement d'autres espèces marines" (pecheapied-loisir)... Les vers tubicoles, comme la Sabelle et les sprirorbes... L'éponge Crambe crambe, qui peut se recouvrir des coquilles de mollusques, comme Arca noae, l'Arche de Noé... Dans ce cas, si on l'approche trop, l'Arche se ferme et l'éponge bouge ! "... Huitres plates Sabelle spirobes Eponges Crambe Crambe
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