François SPOERRY et l'abbé PIERRE :En lisant le livre "Des protestants engagés: le christianisme social, 1945-1970" de Raoul Crespin. (paru en 1993) j'ai découvert, par hasard, tout un chapitre de la vie de François SPOERRY totalement ignoré: sa rencontre avec l'abbé PIERRE Les rencontres de Tassin :En 1948, un mouvement social se créa: "Les rencontres de Tassin" qui réunissait 2 fois par an, des chefs d'entreprises et leurs proches collaborateurs afin de rechercher des "solutions humaines" et non de facilité, en cas de crise dans l'entreprise. "L'entreprise", pensaient les 2 créateurs de ces rencontres, "était au carrefour des problèmes économiques et humains et donc l'un des lieux où l'insertion des exigences de l'Evangile était à la fois la plus nécessaire, la plus difficile et la plus prometteuse"... A la demande de François Spoerry, des Rencontres furent organisées en Alsace... Ces rencontres eurent un impact considérable dans plusieurs entreprises: - relèvement des salaires - amélioration des conditions de travail - promotion ouvrière collective - promotion individuelle par l'amélioration du climat, la formation et l'information du personnel, plus de responsabilités et donc plus de dignité. On est très loin du climat social d'aujourd'hui !!!
Sausheim :En 1953, François Spoerry construisit sa première cité d'urgence à Sausheim, près de Mulhouse : 20 logements implantés en épis. Suite à cette réussite, construite très rapidement, le gouvernement contacta l'architecte pour l'inviter à réaliser d'autres logements d'urgence de type T2 au Plessis-Trévise sur le même modèle que ceux de Sausheim. François Spoerry s'associe avec son ami, l'architecte Pierre Dufau qui disposait d'une importante agence à Paris. 250 constructions étaient prévues. En avril 1954, les 51 logements réalisés par François Spoerry, constituant la 1ère tranche de la 'Cité de la Joie' sont inaugurés. Mais pour la suite des programmes sociaux prévus, le gouvernement demande à l'architecte de revoir ses prix à la baisse... François Spoerry avait estimé le montant d'un logement, meubles compris, à 1 194 145 Francs (valeur 1953). Le gouvernement prévoyait, lui, un budget maximum, au Plessi-Trévise de 650 000 francs (1953) Cité de la Joie, plan d’ensemble, (Plessis-Trévise, 24 février 1954, archi : François Spoerry et Pierre Dufau). Les logements d'urgence réalisés par François Spoerry Hiver 34 :En cet hiver 54, la France souffre d'une vague de froid sans précédent. la température tombe en dessous de - 15 °C de façon prolongée. Des sans-logis meurent dans rues. l'abbé Pierre, ancien résistant et ancien député MRP, lance des appels médiatiques nationaux à la solidarité sociale pour venir en aide aux pauvres et aux sans domicile fixe en danger. C'est le début de l'« Insurrection de la Bonté ». Dans le livre de Raoul CRESPIN , le pasteur Maurice VOGE nous explique que "L'ancien déporté François SPOERRY supportait mal qu'il y eût des hommes sans toit. Cet architecte qui sait faire beau, s'est penché avec obstination sur le problème des sans-logis. SPOERRY estime qu'il faut construire en quantité, vite et bon marché et à des prix rentables pour les propriétaires et supportables pour les ouvriers. Construire pour chaque ménage un logement décent, d'aspect sympathique, indépendant, sans vis-à-vis, agréablement arrangé". Mais François SPOERRY se heurta à des difficultés sans nombre, administratives, financières, techniques. Pourtant écrira t-il, "La foi soulève les montagnes". Effectivement, les "logements d'urgence", à Mulhouse, sortent de terre et sont une réussite... Déception :Après son appel poignant qui lui permit de recueillir en quelques jours d'importants capitaux, l'abbé PIERRE proposa au ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme de l'époque, Maurice Lemaire, de construire à Plessis-Trévise, une première 'cité d'urgence', composée de 12 000 logements dont il confia naturellement l'exécution à François SPOERRY. "Je suis heureux de pouvoir loger des gens en quantité. C'est pour moi l'aboutissement de nombreuses années de travail et la rançon de beaucoup de déception" écrira-t-il au pasteur VOGE. Hélas, le ministère imposa des prix tellement bas que F. SPOERRY dut renoncer à son projet. On construira de futurs taudis au lieu de logements décents... Lettre ouverte à l'abbé PIERRE :Déçu, François SPOERRY écrira une lettre ouverte à l'abbé PIERRE: " Vous m'avez confié la réalisation de votre première cité d'urgence à Plessis-Trévise, mais cette joie s'est rapidement transformée en anxiété quand j'ai compris comment le ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme entendait construire les 12 000 logements de "première nécessité". On vous a dit qu'il était possible de faire pour 500 000 francs (de l'époque) un logement simple mais confortable. Ce n'est pas vrai... On vous a dit que ces maisons seraient durable et que leur frais d'entretien seraient minimes, que les logements seraient perfectibles, que ces cités seraient d'un aspect agréable... Ce n'est pas vrai". Logements sociaux :On peut comprendre, en découvrant cet épisode de la vie de l'architecte de la Cité lacustre, pourquoi il revint plusieurs fois sur sa déception de ne pouvoir construire les logements sociaux qu'il avait prévus rue du Septentrion, dans l'entretien qu'il m'accorda... En 1983, la commune de GRIMAUD décida de construire des logements sociaux. Mais comme elle manquait cruellement de terrains fonciers, elle accorda le permis de construire de PG3 avec une condition: que le promoteur cède un terrain pour recevoir 30 logements sociaux. L'architecte céda un terrain au fond du parking à l'entrée de PG1. Ce parking était destiné aux commerçants de la cité... Le Maire de l'époque, Jean Paul BREHANT, qui était également Président de l'ASP, demanda à François SPOERRY de réaliser ce projet... Autre projet de logements sociaux que l'architecte réalisa: l'immeuble devant le port communal, rue de l'Amarrage. Ces logements étaient réservés en priorité aux portgrimaudois et grimaudois travaillant dans la cité lacustre ou sur la commune...
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