L'Atelier du Crabe :
Je ne pouvais pas m'intéresser à l'historique de PORT GRIMAUD sans faire une 'petite place' à mon ancien restaurant "l'ATELIER du CRABE" que nous avons créé et tenu avec Jocelyne, ma femme, pendant 20 ans... et qui m'a permis de pouvoir profiter du local pour monter pendant 6 mois l'exposition sur l'Historique de la cité lacustre...
L'exposition :Cette exposition me trottait dans la tête depuis quelques mois quand, en parlant de ce projet à droite et à gauche, je me suis retrouvé avec un stock très important de photos et de divers documents que l'on me prêtait pour que je puisse aller au bout de mon rêve... J'ai passé 2 mois à trier ces trésors et à composer les différents panneaux qui allaient être exposés. Il ne me manquait que la salle d'exposition ! Après quelques recherches infructueuses, nous avons finalement décidé de fermer notre restaurant pendant 6 mois car cette expo avait pris une telle importance pour nous que nous étions prêts à nous sacrifier un peu. Je contactais l'architecte François Spoerry afin de lui faire part de mon projet en lui précisant bien que j'étais totalement novice en la matière mais que j'avais vraiment eu un coup de foudre et une passion pour sa cité lacustre... C'est sans la moindre réserve que l'architecte accepta mon projet et m'ouvrit ses bureaux en grand et librement, pour que je puisse utiliser tous les documents en sa possession. Je ne le remercierai jamais assez, ainsi que ses collaborateurs qui m'ont apporté toute l'aide voulue... C'était la première fois qu'une personne s'intéressait à l'historique de Port Grimaud et Monsieur Spoerry en était très fier et m'a beaucoup encouragé... La crèperie :
Evolution :L'Atelier du Crabe, 2 ans plus tard: nous avons installé une toile à l'extérieur qui, pour ne pas dénaturer l'esthétique du lieu, respectait la forme des arcades du mur... Beaucoup de verdure :
Pourquoi l'Atelier du Crabe ? :Pourquoi avoir appelé notre restaurant l'Atelier du Crabe ? : J'adorais raconter une incroyable histoire, inventée de toute pièce, à propos de ce nom. "Bien avant que Port Grimaud n'existe, à la fin du XIXe siècle, des marécages infestés de moustiques s'étendaient de la route nationale au bord de mer, et de la rivière La Giscle à Saint Pons les Mures... Au milieu de cette lande pas très accueillante, de nombreux chemins menaient à la plage. Au bord de l'un d'entre eux, une cabane faite de bric et de broc abritait un monsieur un peu bourru, un peu sorcier, peu causant, timide, à la forte corpulence, qui était connu dans toute la région car il réparait les bateaux abîmés ou les filets déchirés mais aussi parce qu'il avait un don: il était rebouteux et magnétiseur. Il soignait tous ceux qui se présentaient à lui parce que mal en point; un dos bloqué, une cheville foulée mais aussi un mal de tête violent ou une forte grippe. Les gens venaient de fort loin pour se faire soigner. Ils venaient chez le 'Crabe' comme on le surnommait parce qu'il boitait et marchait un peu de travers, comme un crabe... A 50m de sa cabane il avait construit un petit atelier où il recevait les gens tordus et mal foutus, les bateaux cassés et les filets de pêche troués... Les gens disaient qu'ils entendaient souvent chanter d'une voix merveilleuse sa compagne, une jeune femme aussi timide que lui, qui ne sortait jamais quand des 'étrangers' venaient à l'atelier, qui se déplaçait sur une chaise roulante confectionnée par le 'Crabe' parce qu'elle ne marchait pas et semblait avoir une santé très fragile... On la disait très belle, du moins ceux qui eurent la chance de l'apercevoir de près. Belle et toujours souriante comme si son faible état ne pouvait atteindre son moral. Ce couple étrange, une femme paraplégique et un boiteux marchant de travers, n'avait semble t-il pas d'ami. Il vivait ici, seul et renfermé, se nourrissant des poissons que le 'Crabe' péchait, de légumes qu'il arrivait à faire pousser difficilement, des oeufs que ses 4 ou 5 poules lui fournissaient, et de ce que lui amenaient les personnes qui venaient se faire soigner et qui n'avaient pas beaucoup d'argent. C'était du troc, un lapin, une tarte maison ou n'importe quel aliment contre une remise en état... Les jours passaient et se succédaient dans une douce monotonie, paisibles, tranquilles... Mais un triste matin, on entendit des cris de douleur s'élever de la lande vers le ciel. Le 'Crabe' effondré, terrassé par le malheur, venait de découvrir sa compagne inanimée. Elle s'était éteinte, doucement, silencieusement, anonymement. La mort l'avait cueillie au matin et son compagnon pleurait de rage et de douleur, lui qui avait rendu la santé à des dizaines et des dizaines de malades et d'estropiés, et qui n'avait pu la soigner... Il l'enterra près de son atelier pour qu'elle soit toujours près de lui... Mais ce malheur semblait l'avoir abattu, détruit moralement et physiquement... On le retrouva six jours plus tard étendu sans vie sur la tombe de sa compagne: il s'était donné la mort... Les villageois l'enterrèrent à coté de sa 'belle'... Et les jours et les années passèrent. La cabane et l'atelier s'écroulèrent. La tombe que certains villageois venaient fleurir les premières années, se couvrit d'herbes sauvages au point qu'elle disparut, à la longue, comme absorbée par la terre... Monsieur Spoerry eut connaissance de cette très vieille histoire et ne put s'empêcher de garder intact un petit bout de cette terre où avait vécu ce couple. C'est cette petite île qu'il nomma l'Île verte. Et c'est en souvenir de cette merveilleuse histoire qui nous avons appelé notre restaurant l'Atelier du Crabe... la VERITE :La vérité est malheureusement beaucoup plus banale. En aménageant le local entouré de baies vitrées qui, pour moi, ressemblait à un atelier d'artiste, j'écoutais de la musique en réfléchissant au nom que nous allions donner à notre futur restaurant. Gérard MANSET chantait. Artiste français peu connu mais que j'adorais, il entama une chanson qui s'appelait "l'atelier du crabe"... La chanson était belle et fit "tilt" dans ma tête! C'était un nom qui collait parfaitement à l'endroit...
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